Copeau – Jouvet correspondance
Mise en espace
- Jean-Claude Penchenat
Distribution
- Jean-Claude Penchenat
- Damien Roussineau
Lieux
- Atelier Laurence-Godard, Paris 14e
- Chez Anne-Lise et Olivier Rony, Paris 16e
J. COPEAU – L. JOUVET
Correspondance
(1911-1949)
Collection Les Cahiers de la NRF
Gallimard – Publication : 31-10-2013
Le Limon
par La Ferté-sous-Jouarre (Seine & Marne)
été 1912
Mon cher Jouvey,
Je vous remercie de votre affectueuse lettre. Il ne faut pas hésiter à me donner de temps en temps de vos nouvelles. Vous savez que je m’intéresse à votre travail et à votre avenir, et que je serai trop heureux si je puis, en toutes occasions, ne point décevoir la confiance que vous voulez bien me témoigner… Il faut travailler sans relâche, avec une modestie profonde, avec un absolu désintéressement, et tâcher de durer. Tout est là, Jouvey, l’avenir nous cédera.
Pour moi, je poursuis ma tâche, au travers de mille difficultés de tous ordres. J’espère avoir terminé ma nouvelle pièce vers le mois de décembre. Je réunirai alors mes amis pour la leur lire.
Je sais que vous devez aller bientôt vous marier au Danemark. Cela éveille en moi d’anciens souvenirs, et mes vœux vous accompagnent d’autant plus affectueusement.
Bien à vous,
Jacques Copeau
Lyngby, le 4 octobre 1912
Mon cher Monsieur Copeau,
Merci bien vivement pour votre télégramme qui est arrivé le premier dans ma carrière matrimoniale, comme vos encouragements dans ma carrière théâtrale.
Nous avons eu aussi les tillykke de Madame Copeau que nous avons vue ici. Nous rentrons à Paris mardi ou mercredi prochains, enchantés de ce que nous avons fait et vu ici durant un mois. J’ai même eu l’occasion de parler des Karamazov avec Mantzius, mais ce ne doit pas être assez gai pour ces bons Danois, d’ailleurs Mantzius a fini son temps au Théâtre royal avec de vagues histoires sur son compte.
À part Ibsen et les ballets de La Petite Sirène, rien d’enthousiasmant au point de vue théâtral. Je regrette de n’avoir pas vu et de ne pas connaître Holberg.
Quant à moi, je rentre avec les plus belles espérances dans la « malgré tout doulce France », mais sans savoir ce que je vais faire cet hiver. Du reste sans nouvelles de Durec – non plus de Dullin !
Dans l’espoir de vous revoir dans notre bon Paris, nous vous faisons encore tous nos remerciements et toutes nos amitiés les plus cordiales.
. Votre
Louis Jouvet