Le gilet rouge
Théophile Gautier et le théâtre
Poèmes – Correspondance avec Gérard de Nerval Extraits de La bataille d’Hernani, Le capitaine Fracasse (Roman et adaptation théâtrale de Philippe Léotard) et Regardez mais ne touchez pas !
Mise en espace
- Jean-Claude Penchenat
Distribution
- Inès de Beaupuis
- Flore Gandiol
- Jeanne Gogny
- Judith Margolin
- Geneviève Rey-Penchenat
- Paul Marchadier
- Alexis Perret
- Jean Pommier
- Damien Roussineau
- Guitare : Manu Rivière
Lieux
- Théâtre de l'Épée de Bois, Cartoucherie, Paris 12e
- Théâtre Le Ranelagh, Paris 16e
- Forum 104, Paris 6e
- Presbytère, Montreuil-sur-Epte (95)
La bataille d’Hernani
Théophile Gautier
1811 – 1872
La bataille d’Hernani est le nom donné à la polémique et aux chahuts qui entourèrent en 1830 les représentations de la pièce Hernani, drame romantique de Victor Hugo, restée célèbre pour avoir été le terrain d’affrontement entre les « classiques », partisans d’une hiérarchisation stricte des genres théâtraux, et la nouvelle génération des « romantiques » aspirant à une révolution de l’art dramatique et regroupée autour de Victor Hugo.
Théophile Gautier portait à la Première le un gilet rouge qui par son caractère provocateur resta dans l’histoire.
Le capitaine Fracasse
Extraits du roman de cape et d’épée (paru en 1863) et de l’adaptation théâtrale de Philippe Léotard (créé le 21 janvier 1966 au théâtre Récamier dans une mise en scène d’Ariane Mnouchkine avec la troupe du Théâtre du Soleil).
L’histoire se déroule entre 1637 et 1643 sous Louis XIII.
Le baron de Sigognac, dernier héritier de l’illustre famille des Sigognac et jeune noble désargenté, vit reclus dans son manoir landais qui tombe en ruine.
Un soir d’hiver, il offre l’hospitalité à une troupe de comédiens égarés, et tombe amoureux d’Isabelle, une jeune femme de la troupe ; l’attirance est réciproque.
Le lendemain, sur la proposition des voyageurs, Sigognac décide de les suivre dans leurs aventures.
Après de nombreuses péripéties, le baron remplace sur les planches le Matamore, mort de froid lors d’une tempête de neige. Il prend alors le nom de scène de « Capitaine Fracasse ».
Poèmes
Fatuité
Je suis jeune ; la pourpre en mes veines abonde ;
Mes cheveux sont de jais et mes regards de feu,
Et, sans gravier ni toux, ma poitrine profonde
Aspire à pleins poumons l’air du ciel, l’air de Dieu.
Aux vents capricieux qui soufflent de Bohême,
Sans les compter, je jette et mes nuits et mes jours,
Et, parmi les flacons, souvent l’aube au teint blême
M’a surpris dénouant un masque de velours.
Plus d’une m’a remis la clef d’or de son âme ;
Plus d’une m’a nommé son maître et son vainqueur ;
J’aime, et parfois un ange avec un corps de femme,
Le soir, descend du ciel pour dormir sur mon cœur.
On sait mon nom ; ma vie est heureuse et facile ;
J’ai plusieurs ennemis et quelques envieux ;
Mais l’amitié chez moi toujours trouve un asile,
Et le bonheur d’autrui n’offense pas mes yeux.
(recueil : Poésies diverses 1838-1845)
L’hippopotame
L’hippopotame au large ventre
Habite aux Jungles de Java,
Où grondent, au fond de chaque antre,
Plus de monstres qu’on n’en rêva.
Le boa se déroule et siffle,
Le tigre fait son hurlement,
Le buffle en colère renifle ;
Lui, dort ou pait tranquillement.
Il ne craint ni kriss ni zagaies,
Il regarde l’homme sans fuir,
Et rit des balles des cipayes
Qui rebondissent sur son cuir.
Je suis comme l’hippopotame :
De ma conviction couvert,
Forte armure que rien n’entame,
Je vais sans peur par le désert.
(recueil La Comédie de la Mort – 1838)
En passant près d’un Cimetière
Qu’est-ce que le tombeau ? — Le vestiaire où l’âme,
Au sortir du théâtre et son rôle joué,
Dépose ses habits d’enfant, d’homme ou de femme,
Comme un masque qui rend un costume loué !
(recueil España – Manche 1844)
Gérard de Nerval – Théophile Gautier
Une amitié romantique
Théophile Gautier fit la rencontre de Gérard de Nerval au lycée Charlemagne à Paris.
La longue amitié qui les lia fraternellement fut sans l’ombre d’un nuage.
Gautier, dans l’un des nombreux articles qu’il consacra à son ami, après sa mort, traça ce précieux portrait de lui :
« C’était alors un jeune homme doux et modeste, rougissant comme une jeune fille, se dérobant volontiers à la curiosité admirative de ses condisciples, très fiers d’avoir un camarade imprimé et dont on parlait dans les journaux. Il avait le visage d’un blanc rosé, animé d’yeux gris où l’esprit mettait son étincelle dans une douceur inaltérable. Son front, que laissait voir très haut de jolis cheveux blonds d’une extrême finesse et pareils à une fumée d’or, était d’une admirable coupe, poli comme de l’ivoire et brillant comme de la porcelaine. Jamais voûte plus arrondie, plus noble et plus vaste ne fut préparée par la nature pour la pensée humaine, et cependant les idées y bourdonnèrent si nombreuses, tant de connaissances et de systèmes s’y logèrent, tant de théogonies, de philosophies et d’esthétiques y prirent place, que ce panthéon devint un capharnaüm et que la coupole se fêla… Le nez était fier, de forme légèrement aquiline, la bouche précieuse avec la lèvre inférieure un peu épaisse, signe de bonté, le menton bien accusé et frappé d’une fossette. »
Regardez mais ne touchez pas !
Comédie de cape et d’épée, par MM. Théophile Gautier et Bernard Lopez.
« Le cheval de la Reine d’Espagne s’est emballé. Il faut la sauver ! Mais tout homme qui touche à la Reine est puni de mort.
Dona Beatrix, sa suivante, a promis sa main au sauveur de la Reine.
Deux hommes se présentent comme tel : Don Melchior, imposteur fanfaron, et Don Gaspar, héros romantique.
S’ensuivent courses poursuites, combats et duels entre ces deux rivaux. »
Ils pourraient être Don César de Bazan et Ruy BIas, Octave et Cœlio des Caprices de Marianne et pourquoi pas Gautier, l’homme à femmes, l’insolent, le provocateur au gilet rouge et Nerval son camarade du Lycée Charlemagne et de toujours, sombre, fragile, en quête de l’idéal féminin.
À partir du genre « cape et épée » et des allusions à la Commedia du Capitaine Fracasse, Gautier s’amuse à pasticher avec délice les héros de ses aînés Dumas et Hugo sans rien perdre de son originalité et de son humour.
Répétitions à Montreuil-sur-Epte
Représentée pour la première fois à Paris sur le second Théâtre Français (Odéon) le 20 octobre 1847.
Et jamais rejouée depuis !
Forum 104